Comment la théorie des jeux mène la guerre
Anticiper les intentions de la Russie, de la Chine ou des États-Unis… Les spécialistes en stratégie se tournent vers la théorie des jeux : des modèles mathématiques qui éclairent la logique des conflits, pour essayer d’éviter le pire.
Non, la guerre, en pratique, ce n’est pas un jeu. Mais oui, les jeux, en théorie, modélisent les situations de conflits. “C’est un outil puissant”, assure Mirco Musolesi, professeur en informatique à l’University College de Londres. “La théorie des jeux permet d’analyser le schéma des opérations passées et probables dans le futur”, confirme Thibault Fouillet, chercheur associé à la Fondation pour la recherche stratégique et spécialiste des jeux de guerre. Beaucoup s’accordent à acter la naissance de la théorie des jeux avec la publication en 1944 d’un ouvrage du mathématicien John von Neumann et de l’économiste Oskar Morgenstern : Théorie des jeux et comportements économiques. L’idée est de mathématiser un jeu à somme nulle dans lequel un joueur gagne ce que l’autre perd et dont le sort dépend de ses propres décisions et de celles des autres. Et le but de déduire le comportement optimal à tenir, avec le principe que tout le monde agit de manière rationnelle, c’est-à-dire en défendant ses propres intérêts. En clair, il s’agit d’une méthode de modélisation du comportement à l’aide d’une approche mathématique.