
À la recherche des lieux sans vie
Peut-on trouver un endroit stérile sur une planète débordante de vie ? Des vallées arides de l’Antarctique aux abysses hypersalés, des chercheurs en ont trouvé six. Six lieux infernaux qui dessinent les limites de l’habitabilité, ici et ailleurs.
C’est l’un des rares endroits de l’Antarctique quasiment dépourvu de neige. Ce qui lui a valu le surnom “d’oasis du continent blanc”. Pourtant, l’eau y est si rare que ces vallées basaltiques sont aussi sèches que le désert chaud d’Atacama, au Chili. Éblouissant de lumière, figé par des températures moyennes comprises entre -30 °C et -14,8 °C tout au long de l’année, il s’agit en fait d’un redoutable désert glacial. Seuls, dans les vallées basses près de la côte, les quelques mois d’été autorisent un fragile retour à la vie : de frêles ruisseaux serpentent alors dans le fond des vallées, alimentés par la fonte timide des glaciers. Des tapis bactériens noirs et orange se forment dans leur sillage. “Mais dans la partie la plus élevée, entre 1 000 et 2 500 m, le permafrost est si sec tout au long de l’année qu’aucun micro-organisme ne peut a priori s’y développer”, estime la microbiologiste Jackie Goordial, de l’université de Guelph, au Canada. Pour preuve : elle n’a pas détecté la moindre bactérie active dans les cinquante premiers centimètres du permafrost de la haute vallée de l’Université qu’elle a étudiée, à 1 700 m d’altitude.