
Le dossier presque-vivants
À première vue, ce sont des objets inertes : des cristaux, des programmes informatiques ou même des trous noirs. Sauf qu’ils ont un métabolisme, se reproduisent, évoluent, voire les trois à la fois ! Voyage à la frontière de la vie.
L’idée semble folle. Tout droit sortie d’un scénario de science-fiction. Et pourtant, elle est prise très au sérieux par une partie des cosmologistes. Et si l’intégralité de notre Univers se trouvait à l’intérieur d’un trou noir colossal ? Mieux : et si chaque trou noir de notre propre Univers donnait à son tour naissance, lors de sa formation, à un nouvel univers ? “Dans ce cadre, on pourrait alors considérer que notre Univers est issu d’un parent unique, et qu’il se réplique un grand nombre de fois, un peu comme le font les êtres vivants, explique Nikodem Poplawski, de l’université américaine de New Haven, fervent partisan de cette ”cosmologie de Schwarzschild”, du nom de l’astronome qui a contribué à la théorisation du concept même de trou noir. L’idée traîne depuis les années 1960, mais nous sommes plusieurs théoriciens à poursuivre son développement aujourd’hui. Et pour la toute première fois, nous tenons même une piste observationnelle !”
Le raisonnement est le suivant. Un trou noir se forme lorsqu’une masse se trouve confinée dans un certain volume d’espace, une sphère dont le rayon, dit de Schwarzschild, dépend de la masse en question – la masse du plus grand trou noir connu fait 66 milliards de fois celle de notre soleil, dans une sphère de 190 milliards de kilomètres de rayon. Or, en maniant ces ordres de grandeur, on tombe sur une drôle de coïncidence : le rayon de Schwarzschild qui correspond à la masse contenue dans l’intégralité de l’Univers est du même ordre de grandeur que le rayon de l’Univers observable, 46,5 milliards d’années-lumière.