
Vie des objets : analyse d'un paradoxe industriel
Seconde vie, cycle de vie… Les métaphores biologiques se sont généralisées pour parler des objets, surtout depuis qu’on se préoccupe de leur empreinte environnementale. Pourtant les dilemmes générés par ces concepts n’ont jamais été aussi forts.
Vivre ou mourir ? Pour la plupart des êtres vivants, durer le plus longtemps possible est un objectif en soi. Un but qui implique de résister à la dureté de l’environnement, aux agressions des prédateurs, aux effets du vieillissement. Dans le monde des objets, la question est autrement plus complexe. La durée de vie d’un smartphone, d’une voiture ou d’un tee-shirt s’allonge ou se raccourcit, prise entre des enjeux économiques, des préoccupations sur l’empreinte environnementale, mais aussi des effets de mode qui mettent industriels et consommateurs face à des dilemmes. Le concept même de cycle de vie des objets, de l’extraction des matières premières à leur mise à la benne, en passant par la fabrication, la distribution, l’utilisation, n’a jamais été aussi chahuté.
Pourtant, la vie des objets suit une loi simple et bien connue des industriels : la courbe dite de la baignoire. Elle représente la probabilité que des problèmes techniques surviennent au fil du temps. Pendant les premières années de mise en vente, un produit, encore en rodage, connaît statistiquement plus d’incidents. Puis le nombre de pannes diminue et se stabilise à un faible niveau, du fait d’une fabrication plus standardisée et du retour d’expérience qui permet d’améliorer les process. Enfin, le taux d’incidents repart à la hausse avec le vieillissement et l’usure. Et les nouveaux objets industriels n’échappent à cette règle de la baignoire.