
Horloge interne : on n’y comprend toujours rien
Mais pourquoi certains moments passent-ils si vite, quand d’autres s’étirent lamentablement ? Les neuroscientifiques tentent de comprendre comment notre cerveau mesure le temps. Et plus ils cherchent, plus ça se complique.
“Quoi ? C’est déjà fini ?” On le sait, notre perception du temps est à géométrie variable, et certains films nous paraissent beaucoup plus courts que leur durée réelle – et d’autres beaucoup plus longs. Pourquoi une telle distorsion ? Qu’est-ce qui explique que nous ressentions les durées de façon si subjective ? Comment la conscience du temps qui passe émerge-t-elle dans notre cerveau ? à vrai dire, personne ne le sait vraiment…
Et ce n’est pas faute d’avoir multiplié les expériences. Certaines montrent par exemple que le temps semble s’écouler lentement lorsque le contexte est monotone ou peu stimulant (comme un film un peu barbant). D’autres, que le ressenti a tendance à s’accélérer dans un environnement marqué par des rythmes rapides ou stimulants (comme lorsque l’on écoute de la musique ou que l’on observe quelqu’un se déplacer rapidement). D’autres encore s’attachent à des facteurs internes, liés à notre état mental. En se fondant sur les questionnaires remplis par 2 840 participants de neuf pays pendant les périodes de confinement dues au Covid-19 – dans lesquels figuraient aussi l’état de santé mentale et la perception du temps qui passe –, une équipe franco-belge a ainsi établi en 2023 que plus les symptômes dépressifs sont intenses, plus la sensation du passage du temps est ralentie. à l’inverse, des chercheurs russes ont montré en 2024 dans une méta-analyse que l’accroissement de l’activité du circuit de la sérotonine, un neurotransmetteur associé au bonheur, semble aller de pair avec une sensation accélérée du temps – confirmant que plus on est heureux, plus le temps semble passer vite.