double-page du dossier qui défie le temps extraite du hors-série epsiloon n°16@GETTY IMAGES

Le dossier qui défie le temps

Ils battent des records de longévité, pulsent à des tempos inimaginables, se moquent des lois de l’évolution. Les chercheurs tentent de démonter l’horloge intime de cette étoile, de ce béton, de ce papillon, sur lesquels le temps n’a pas de prise.

par la rédaction,

Dôme du Panthéon de Rome, Colisée, pont du Gard. Deux mille ans environ après leur édification, ces infrastructures ont encore fière allure, à la stupéfaction des touristes en goguette… mais aussi des scientifiques. “C’est remarquable qu’autant d’édifices romains soient encore debout, s’étonne Laura Medeghini, chercheuse à l’université de Rome qui a ausculté l’année dernière le mortier de l’aqueduc de Trajan, inauguré en l’an 109 apr. J.-C. et encore en partie fonctionnel. Les chercheurs tentent toujours de percer les secrets de cette durabilité.” Cette capacité à défier le temps est d’autant plus sidérante que la durée de vie du ciment actuel, baptisé ciment Portland, n’excède guère un siècle. “L’ennui, c’est qu’après la chute de l’Empire la recette du béton romain a été perdue, raconte Dietmar Stephan, chimiste à l’université technique de Berlin. Nous sommes en train de la redécouvrir et d’expliquer scientifiquement ses propriétés.” L’une des clés de sa durabilité semble reposer sur un matériau spécifique : au lieu du banal granulat utilisé de nos jours, les Romains employaient massivement de la pouzzolane. Cette roche volcanique extraite dans la région de Naples était broyée puis mélangée à des cendres volcaniques, de la chaux et de l’eau, ce qui ­donnait un liant particulièrement solide et durable ; les experts du XXIe siècle détectent la formation bénéfique de silicate de calcium hydraté et d’aluminate de calcium. “Cette réaction pouzzolanique assurait une très bonne résistance à l’eau, d’où la persistance de nombreux aqueducs, entre autres”, fait remarquer Dietmar Stephan. Autre ingrédient essentiel : d’après les observations au microscope et au spectroscope récemment réalisées par une équipe du MIT sur des échantillons de la cité antique de Priverno, les Romains utilisaient de la chaux vive, c’est-à-dire du calcaire tout juste sorti du four –&nbps;et non de la chaux “éteinte”, comme on le supposait…

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