À la poursuite du tachyon

Attrape-moi si tu peux ! Voici l’enfant terrible de la physique, la plus extravagante et la plus fantasmatique des particules : “Elle se déplace toujours plus vite que la lumière et elle accélère en perdant de l’énergie”, annonce le physicien Robert Ehrlich, professeur émérite à l’université George Mason. Non contente de transcender la lumière, elle renverse tout bon sens physique : a-t-on jamais vu une voiture accélérer en produisant de l’essence ?

Après trente ans à traquer cette improbable particule, aussi fantasque qu’élusive, Robert Ehrlich craint toutefois de ne jamais l’observer : “À mon âge, il faudrait que je sois vraiment très chanceux !” L’astrophysicien Mark Hetzberg, directeur de l’institut de cosmologie à l’université de Tufts, aux États-Unis, vient pourtant d’en réduire le périmètre de recherche : “Ces particules ne peuvent avoir une énergie supérieure à un milliard de giga­électronvolts”, soutient-il. L’équivalent de l’énergie requise pour soulever une pomme d’un mètre. “Cette gamme d’énergie est tout à fait compatible avec mes hypothèses sur ces particules plus rapides que la lumière”, réagit le professeur émérite de physique Charles Schwartz, à Berkeley. Qui prédit même que ces particules expliqueraient de concert l’énigmatique matière noire qui façonne les galaxies et l’énergie noire qui pousse l’Univers à accélérer sa vertigineuse inflation. Si bien que “les données de vitesse des étoiles dans les galaxies, ainsi que la manière dont les galaxies courbent la lumière autour d’elles sont deux observations qui pourraient servir à valider leur existence”, soutient-il.