trump en guerre contre la science, un article du magazine scientifique d'actualité epsiloon@Illustration Y. diraison avec shutterstock

La guerre contre la science est déclarée

Depuis le retour de Trump, les universités, les scientifiques et jusqu’à l’idée même de science font l’objet d’attaques sans précédent. Une mise au pas théorisée par un courant de pensée qui prend le contre-pied de la philosophie des Lumières : les lumières obscures.

par Pierre-Yves Bocquet,

Les coups de boutoir de l’administration Trump contre la science sont devenus si fréquents que l’on finirait presque par oublier leur violence. Comme lorsque, fin septembre, le président des États-Unis déclare devant l’assemblée générale des Nations unies que le réchauffement climatique est “la plus grande arnaque jamais perpétrée dans le monde, faite par des gens stupides”. “Cela ne m’a pas surpris, même si ça ne m’a pas fait plaisir : il l’avait déjà dit”, confesse le chercheur en politique environnementale François Gemenne. Coauteur du 6e rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), il fait pourtant partie des personnes “stupides” pointées du doigt par l’homme le plus puissant du monde, devant une assemblée restée silencieuse face à une telle dénégation du consensus scientifique. Un signe parmi beaucoup d’autres que nous sommes entrés dans une nouvelle ère. Celle où la science n’est plus respectée ni considérée comme l’un des fondements des sociétés modernes. “Elle est pourtant le socle sur lequel on peut débattre en démocratie : si nous ne partageons plus la même réalité, il n’y a plus de débat possible, et donc plus de démocratie, rappelle François Gemenne. Le problème des scientifiques, c’est qu’ils disent la vérité, et que la vérité est parfois déloyale : les faits ne se conforment pas aux opinions.”

Chasse aux sorcières

Dès les premiers jours de son retour à la Maison-Blanche, Trump entreprend de se désengager de l’accord de Paris sur le climat, de sabrer les budgets accordés aux universités, de nommer de nouveaux directeurs à la tête des agences de recherche et des hauts fonctionnaires dénués de toutes compétences scientifiques, d’interdire l’utilisation de certains mots dans les publications de recherche… “C’est tout le modèle des universités de recherche américaines qui est attaqué, estime Brian Sandberg, professeur d’histoire à la Northern Illinois University, l’un des rares chercheurs en poste à oser critiquer publiquement cette politique. Le gel ou la suppression des subventions a stoppé les activités de recherche sur le changement climatique, les sciences de l’environnement, les énergies renouvelables, la santé des femmes, la santé LGBTQ+, mais aussi bien d’autres domaines. Le démantèlement partiel ou quasi total de nombre d’institutions fédérales a fortement réduit leur capacité à soutenir les activités de recherche fondamentale et appliquée. Je crains que la plupart des chercheurs que je connais n’osent plus s’exprimer en raison de l’effet dissuasif des attaques actuelles.” Un climat de défiance et d’autocensure qui n’est pas sans rappeler les heures les plus sombres du maccarthysme et la chasse aux sorcières : “On n’est plus très loin des arrestations arbitraires pour opinions divergentes, comme cela se fait déjà pour les chercheurs étrangers”, pointe François Gemenne. 

Il y a eu le courant des Lumières au XVIIIe siècle ; il s’agit maintenant d’installer son pendant sombre

Arnaud Miranda, docteur en théorie politique et spécialiste des ­pensées réactionnaires au Cevipof

“Nous assistons en fait à la fin d’un long cycle qui avait commencé au XVIIIe siècle avec les Lumières”, estime Romuald Sciora, directeur de l’Observatoire politique et géostratégique des États-Unis, à l’Institut de relations internationales et stratégiques. La lutte contre l’irrationnel, l’arbitraire et l’obscurantisme qu’avaient théorisée les philosophes des Lumières, et sur laquelle la science a prospéré depuis, laisse désormais la place à des discours alternatifs, qui se retrouvent dans un courant de pensée dont le nom à lui seul donne la mesure de l’ambition : Dark Enlightenment, les “lumières obscures”. 

Installer une autre réalité

Sous la plume d’esprits scientifiques comme Franklin, Descartes, Buffon ou Condorcet, les Lumières avaient participé à positionner la science comme une autorité émancipée de la tutelle de la religion, fondée sur la raison, l’égalitarisme et l’universalisme, au service de la connaissance et du bien commun. Les lumières obscures estiment au contraire que la science est dévoyée, qu’elle prône des contre-vérités – comme l’égalité entre les individus – et qu’elle n’est au service que d’elle-même, en pervertissant les esprits pour conforter son propre pouvoir, au détriment de l’État. “Il y a eu le courant des Lumières au XVIIIe siècle ; il s’agit maintenant d’installer son pendant sombre”, résume Arnaud Miranda, docteur en théorie politique et spécialiste des pensées réactionnaires au Cevipof.

Gourous de l’alt-right

Ce courant de pensée a pris sa source dans les années 2010, sous le clavier d’un alors obscur ingénieur informaticien californien, Curtis Yarvin. Sous le pseudo de Mencius Moldbug, il partage sur son blog une critique acerbe de l’incapacité chronique des grandes démocraties à résoudre leurs problèmes. Une diatribe aux accents volontiers ironiques, emplie de références à la pop culture geek qui finira par être repérée et mise en lumière par des gourous de l’alt-right, l’extrême droite américaine, comme Steve Bannon et surtout le philosophe britannique Nick Land. 

Cet ex-professeur de l’université de Warwick, cofondateur de la Cybernetic Culture Research Unit, publie en 2012 The Dark Enlightenment, véritable manifeste fondateur des lumières obscures, en citant abondamment Moldbug, qu’il désigne comme le “seigneur Sith des néoréactionnaires”, en référence aux guerriers adeptes du côté obscur de la Force dans Star Wars. “Yarvin n’est pas un intellectuel, note Arnaud Miranda. C’est un pamphlétaire. Land, en revanche, est un vrai philosophe, qui se réclame de grands noms, en particulier français, comme Gilles Deleuze, Félix Guattari ou René Girard, dont il a été l’élève à Stanford. Mais dont il interprète les idées de façon assez libre.”

Ces attaques systématiques contre la science et la vérité sont révélatrices d’une politique fasciste, qui cherche à installer une autre réalité

François Gemenne, chercheur en politique environnementale, coauteur du 6e rapport du GIEC

Yarvin et Land proposent de remplacer la démocratie actuelle, selon eux inefficace donc, par un régime autoritaire quasi-monarchique en mettant à la tête du pays un roi-PDG aux pouvoirs élargis, sur le modèle de Singapour, Dubaï ou Hong Kong. Un système où les hauts QI doivent régner, explique Arnaud Miranda : “Pour Yarvin, la société doit être hiérarchisée et dirigée par des élites. Mais pas celles d’aujourd’hui, sorties des universités qu’il estime corrompues au niveau des idées, car moralisées et progressistes, acquises à la cause démocrate. Pour lui, l’élite doit faire preuve d’une intelligence naturelle, reconnaissable à la maîtrise des technologies numériques et à la création d’entreprises à succès.”

La Cathédrale

Avec les médias, les universités forment ce que Yarvin appelle “la Cathédrale” ; à savoir “les institutions intellectuelles au cœur de la société moderne, tout comme l’Église était au centre de la société médiévale”, explique-t-il sur son blog. “Les universités sont vues par Yarvin et Land comme des prescriptrices de ces idées d’universalisme et d’égalitarisme, soutenues par la sphère médiatique, qui influencent négativement les élites de l’administration formées dans ces mêmes universités, détaille Arnaud Miranda. Selon lui, la Cathédrale empêche l’État de voir la réalité en face et de prendre les mesures qui s’imposent, à savoir s’extraire de la démocratie dans laquelle les élites progressistes l’ont enfermée, considérée comme un frein à la liberté et à la prospérité.” C’est ainsi que les universités, et à travers elles la science, seraient la cause de tous nos maux, et ce de façon consciente et organisée. “Yarvin avance que ces institutions n’existent pas pour servir l’intérêt général, comme elles le prétendent, mais pour endoctriner et contrôler, perpétuant ce qu’il considère comme une adhésion hypocrite à des principes d’égalité et de représentation qui, en réalité, sapent la liberté”, complète Roger Burrows, professeur à l’école d’études politiques de l’université de Bristol.

Un projet dûment théorisé

En conséquence, “puisque l’université est le cœur de l’ancien régime, il est absolument indispensable à la réussite de tout changement de régime que toutes les universités accréditées soient liquidées, tant sur le plan physique qu’économique”, écrit Yarvin. CQFD. “Trump fédère une convergence de luttes de différents courants : néo­réactionnaires, mais aussi cryptofascistes, ultra­religieux, révisionnistes, libertariens… qui partagent tous un même projet : mettre en place un régime autoritaire comme l’a fait Viktor Orban en Hongrie, décrypte Romuald Sciora. Et pour ce type de régime, les universités sont toujours la première cible : plus on fait taire l’intelligence, plus on peut installer des discours alternatifs dans le but de réécrire l’histoire et le récit national d’une Amérique blanche, fière et prospère. Quitte à renier la science.” “Ces attaques systématiques contre la science et la vérité sont en fait révélatrices d’une politique fasciste, qui cherche à installer une autre réalité”, assène François Gemenne. 

En tant que mouvement anti­rationnel, les lumières obscures retiennent les formes qui vont dans le sens de leurs idées anti-égalitaires et antidémocratiques

Benjamin Noys, professeur de théorie critique à l’université de Chichester, en Angleterre

Derrière les frasques apparemment imprévisibles de Donald Trump se cache donc un projet dûment pensé, théorisé et désormais scrupuleusement déployé, même si le président n’a jamais ouvertement prêté allégeance aux lumières obscures : “On ne peut pas le prouver, mais il y a des parallèles assez troublants entre les écrits de Yarvin et ce que l’on observe depuis le retour de Trump au pouvoir, observe Arnaud Miranda. J. D. Vance, l’actuel vice-président, a d’ailleurs déjà publiquement cité Yarvin comme une de ses références. Le maillon central dans cette affaire, c’est Peter Thiel. C’est lui qui a fait connaître Yarvin à J. D. Vance.”

Hard reset

Ce milliardaire américain et néo-zélandais, cofondateur de PayPal avec Elon Musk, a ouvertement soutenu la campagne de J. D. Vance. “Il a aussi financé celle de Michael Anton, l’influent directeur de la planification politique de Trump, qui relaie régulièrement des thèses néo­réactionnaires”, reprend le chercheur. Thiel a également un temps employé l’actuel conseiller scientifique de Trump, Michael Kratsios. Et il est considéré comme le point d’entrée des lumières obscures chez les geeks de la Silicon Valley, où elles prospèrent. “La création du DOGE, un temps piloté par Elon Musk, colle en tout point avec l’idéal de Yarvin : c’est ce qu’il appelle le programme RAGE, pour “Retire All Government Employees”, licencier tous les fonctionnaires”, observe Arnaud Miranda. 

Accélérationnisme

Un “hard reset”, dans le jargon geek de Yarvin, destiné à éliminer l’“État profond” dont se plaint régulièrement Donald Trump. Thiel est aussi le point de rencontre entre les lumières obscures et une autre idéologie dont il est l’un des chantres, et qui fait elle aussi fureur chez les géants de la tech : l’accélérationnisme. Un autre dogme, pas moins inquiétant à vrai dire, qui appelle à accélérer le développement de l’intelligence artificielle et l’émergence de l’humain augmenté pour sauver le monde – nous vous en parlions dans notre précédent hors-série sur le temps.

Mais au fait, comment les golden boys de la tech peuvent-ils adhérer à des attaques en règle contre la recherche, avec laquelle ils coopèrent étroitement au quotidien ? “Les lumières obscures embrassent la technologie et certaines formes de technoscience, notamment celles qui concernent la manipulation génétique, la fusion de l’humain avec la technologie et l’extension de la vie, ce qu’on pourrait regrouper sous le terme ‘eugéniste’”, décode Benjamin Noys, professeur de théorie critique à l’université de Chichester, en Angleterre. En tant que mouvement anti­rationnel, elles s’opposent à la science en général, mais retiennent les formes de science qui vont dans le sens de leurs idées anti-égalitaires et antidémocratiques.”

Nous assistons à un affaiblissement inquiétant des capacités scientifiques des États-Unis

Romany Webb, chercheuse à la Columbia Law School

L’adhésion de J. D. Vance aux thèses des lumières obscures ne fait plus de doute depuis un discours d’une rare violence, proféré en 2021 à la tribune d’un congrès conservateur, dans lequel il désigne les universités et les professeurs comme des “ennemis” – sous les applaudissements nourris de la salle –, en reprenant presque mot pour mot les arguments de Yarvin. “L’accession de J. D. Vance à la vice-présidence des États-Unis marque un tournant majeur et inquiétant dans la politique américaine, reflétant la banalisation des lumières obscures”, insiste Roger Burrows. La tendance était déjà sensible lors du premier mandat du milliardaire, entre 2017 et 2021, mais à un degré bien moindre. “Sous Trump 1, il y avait encore une forme de respect pour les institutions. Tout a basculé depuis l’attaque du Capitole”, estime François Gemenne. “Trump s’est radicalisé dans l’opposition entre ses deux mandats”, abonde Romuald Sciora. “Pendant le premier mandat, il y avait eu des assauts contre la science, notamment pendant l’épidémie de Covid – on se rappelle que Trump préconisait à l’époque de se soigner à l’eau de Javel –, mais l’administration n’était pas totalement loyale”, confirme William Genieys, chercheur spécialiste des États-Unis au Centre d’études européennes et de politiques comparées. “Cette fois-ci, les attaques de l’administration Trump contre la science ont déjà été bien plus étendues et plus néfastes que celles survenues lors du premier mandat, confirme Romany Webb, chercheuse à la Columbia Law School, qui a mis en place depuis fin 2016 un recensement scrupuleux de ces assauts. Je pense que nous assistons déjà à un affaiblissement inquiétant des capacités scientifiques des États-Unis. Les effets sont extrêmement profonds et se feront sentir pendant de nombreuses années. Il est difficile d’imaginer à quel point la situation est grave.” 

Une déferlante

Yasmine Belkaid, directrice générale de l’Institut Pasteur, s’inquiétait mi-octobre au micro de RTL : “Les États-Unis ont pendant longtemps investi énormément dans la recherche. Aujourd’hui, on a un gouvernement qui passe des messages faux aux populations en inventant des associations entre vaccination et autisme sans aucune preuve scientifique. C’est un cauchemar, car ces gens ont une influence non seulement aux États-Unis, mais sur le monde.” Et dès le mois de mars, alors que la déferlante n’en était qu’à ses débuts, l’Académie des sciences française s’alarmait : “La suppression des contributions américaines aux organisations météorologiques et de santé mondiale risque d’avoir des répercussions dramatiques, notamment sur la surveillance des maladies émergentes et des phénomènes climatiques extrêmes.” “Sans compter que beaucoup de recherches à l’international reposent sur les États-Unis”, ajoute Romuald Sciora.

Des pans entiers qui s’effondrent

Reste à savoir jusqu’où cette guerre va aller. Dans son projet de budget 2026 présenté en avril, l’administration Trump a proposé une nouvelle baisse drastique d’environ 30 % des crédits fédéraux destinés à la recherche, provoquant un tollé dans les cercles scientifiques. “Ne vous y trompez pas : si le Congrès adopte le budget du président, les conséquences pour l’avenir de notre nation seront catastrophiques. Les États-Unis ne participeront plus à la course mondiale pour le leadership en matière de recherche – ils l’auront perdue”, réagissait dans un communiqué publié dans la foulée, le 2 mai, l’Association américaine pour l’avancement des sciences (AAAS), l’organisation à but non lucratif qui édite la prestigieuse revue Science.

Incroyable docilité

Il semble que l’appel ait été en partie entendu, nous confie Erin Heath, la directrice des relations avec le gouvernement fédéral de l’AAAS : “Une forte mobilisation a conduit le Congrès américain à rejeter cette proposition de budget et à rédiger des projets de loi de crédits plus favorables à l’entreprise scientifique. Le Sénat a, par exemple, recommandé un financement stable pour la National Science Foundation et une augmentation de 400 millions de dollars pour les National Institutes of Health. En revanche, les domaines de l’énergie propre et des sciences du climat ont subi des coupes disproportionnées, et les sciences sociales ont également été touchées. Mais les batailles budgétaires pour l’exercice fiscal 2026 sont encore en cours.” Un accord budgétaire a été trouvé mi-novembre pour mettre fin au shutdown [la paralysie des activités fédérales tant que le budget n’est pas voté] jusqu’au 30 janvier, sans certitudes sur les orientations du reste de l’année. “Le problème, c’est qu’en attendant, l’administration Trump en a profité pour faire tomber des pans entiers de certaines agences”, observe William Genieys. 

L’idéologie trumpienne se répand déjà à travers le monde. Il est à craindre que la défiance envers la science aille en grandissant

Romuald Sciora , directeur de l’Observatoire politique et géostratégique des États-Unis, à l’Institut de relations internationales et stratégiques

Reste une ultime inconnue : la capacité de réaction du monde académique, jusqu’ici quasiment inexistante. À quelques exceptions près comme Yale, Princeton ou Harvard, peu d’institutions ont osé faire front face aux attaques du gouvernement. “Je suis assez surpris de la facilité avec laquelle tout cela se déploie, et de la docilité de certaines universités”, souffle François Gemenne. “Il est assez incroyable de voir que des universités comme Columbia, dont certains départements ont été mis sous tutelle fédérale, se soient couchées, s’étonne aussi Romuald Sciora, de nationalité franco-américaine. Même Orban n’a pas osé faire ça en Hongrie. Harvard essaie bien de résister, mais jusqu’à quand pourra-t-elle se passer des subventions fédérales ?” “Est-ce que ces attaques en règle contre l’université vont entraîner une réaction ? s’interroge Arnaud Miranda. Pour l’instant, force est de constater que c’est l’apathie.” Pour Brian Sandberg, l’idéologie des lumières sombres suscite peu de réactions parce qu’elle bénéficie d’un écho plutôt favorable dans une société de plus en plus méfiante vis-à-vis de la science : “Les positions antivaccins et antiscience, qui rejettent jusqu’aux notions mêmes de santé publique et de savoir académique, semblent être devenues courantes depuis la pandémie de Covid-19, par l’entremise des réseaux sociaux et des médias extrémistes qui les amplifient.”

L’Europe n’est pas à l’abri

“L’idéologie trumpienne se répand déjà à travers le monde, prévient Romuald Sciora. Avec le Dark Enlightenment, il est à craindre que la défiance envers la science aille en grandissant. Le trumpisme est comme un cancer agressif : il y aura peut-être des périodes de rémission, mais on ne reviendra pas en arrière.” “Ça ne va pas s’arrêter avec Trump, estime lui aussi François Gemenne. Et l’Europe n’est pas à l’abri : partout, les discours se radicalisent.” La plus grande des démocraties serait-elle en passe de faire basculer le monde sous le règne des lumières obscures ? “Il y a plus de lumière et de sagesse dans beaucoup d’hommes réunis que dans un seul”, s’émerveillait au début du XIXe siècle le Français Alexis de Tocqueville, béat d’admiration devant une démocratie américaine alors naissante, directement inspirée des Lumières. C’était il y a deux siècles.

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