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Lumière solide : l’incroyable expérience
On savait sa nature mouvante, à la fois ondes et particules. Des physiciens affirment désormais l’avoir mise dans un nouvel état quantique : un état supersolide, à la fois cristallisé et parfaitement fluide. Abracadabrant.
Vous avez sans doute déjà été émerveillé de voir un rayon de lumière se déployer dans les couleurs de l’arc-en-ciel en traversant un cristal. Vous avez aussi sûrement été stupéfait un jour d’apprendre que cette même lumière se comporte tantôt comme une onde, tantôt comme une particule – quantique oblige. Eh bien accrochez-vous ! Car ces derniers mois, plusieurs groupes de recherche sont en train de mettre la lumière dans un état encore plus contre-intuitif, presque inimaginable : dans leurs laboratoires, la lumière devient solide – ou plutôt, “supersolide”.
“Les expérimentalistes traquent depuis des décennies cet état mystérieux de la matière”, lance Anton Nalitov, chercheur à l’Institut de physique et de technologie de Moscou. “Et contrairement à ce que ce nom semble dire, ce n’est pas un solide très dur, mais parfaitement mou”, ajoute avec malice Ariel Haziot, aujourd’hui ingénieur au CERN, auteur d’une thèse sur le sujet. Guillaume Malpuech, directeur de recherche au CNRS à Clermont-Ferrand, concède : “C’est un état qui semble complètement contradictoire… et c’est justement ce qui attise la curiosité !” Iacopo Carusotto, physicien au CNR, l’équivalent italien du CNRS, ne cache pas non plus son enthousiasme : “Ça fait vingt ans que je travaille sur les propriétés de la lumière, et c’est de plus en plus passionnant.”