Face à la tyrannie du “like”
Ce petit bouton addictif fiévreusement scruté par les internautes est devenu la valeur n°1 du marché des affects… Au point de s’emparer de notre cerveau.
Vingt-huit octobre 2021. Une petite révolution est sur le point de se produire à Menlo Park, en Californie. Au bord de la route qui longe le siège de Facebook, le logo de Meta – le nouveau nom du réseau social et de ses filiales – va remplacer le symbole “like”. Le célèbre pouce levé blanc à la manchette bleue trônait devant le 1 Hacker Way depuis 2011. “Tout un symbole effacé”, ironise à moitié Jean-Renaud Xech, gestionnaire de communauté sur les réseaux sociaux, qui se souvient du défilé de fans se prenant en photo devant le panneau lors de sa dernière visite, en 2018. “Le like est devenu une icône. Il aurait sa place au musée.
Une disparition qui reflète le malaise suscité aujourd’hui par ce petit bouton renié par son propre créateur chez Facebook, Justin Rosenstein. En 2017, l’ancien ingénieur, visiblement dépassé par sa créature, racontait au Guardian que les likes, pensés initialement pour “envoyer des petits brins de positivité” à travers la plateforme, étaient devenus comme des “shoots de pseudo-plaisir” : “C’est très courant chez les humains de développer des choses avec les meilleures intentions, avant qu’elles ne finissent par avoir des conséquences négatives inattendues.”