La physique ne parle que d’amour
Force des étreintes, multiplicité des relations… La mécanique quantique parle le langage de la passion. Et si l’amour était la brique fondamentale de l’Univers ?
Alexeï Grinbaum est très sérieux. “Oui, c’est une métaphore, mais la métaphore marche.” Le physicien et philosophe le reconnaît : c’est rarement en ces termes que l’on évoque la théorie énoncée il y a cent ans pour décrire les phénomènes les plus élémentaires et microscopiques. Mais ce spécialiste des fondements de la quantique au CEA pense qu’il faut inventer de nouvelles façons d’en parler. “L’enseignement de la mécanique quantique en France est vraiment désuet. Comme s’il ne s’était rien passé depuis les années 1970 !” Et il voit dans le lexique amoureux un moyen de plonger dans la grande révolution quantique en cours et de répondre aux questions encore en suspens. “Nous avons appris récemment qu’une large partie de la spécificité de la physique quantique réside dans la manière dont elle décrit la composition de deux entités séparées comme faisant partie d’un tout. ‘Je m’unis avec toi mais nous ne pouvons faire qu’un’ : la métaphore de l’amour nous permet de saisir, à travers nos expériences propres, les contradictions inhérentes à cette union sans fusion, à ce désir d’unité qui ne peut jamais aboutir.”