Comment la Chine réécrit l’histoire de Sapiens
Alors que tout le monde s’accorde sur l’origine africaine de l’humain moderne, Pékin revendique aujourd’hui une place centrale dans son apparition. Entre nationalisme et vraies découvertes.
Pékin, 1992. Chris Stringer achève sa présentation dans le saint des saints, l’Académie chinoise des sciences. Ce paléoanthropologue de renommée mondiale vient d’y donner un exposé sur l’origine africaine de l’humain moderne. Un étudiant se lève pour le remercier chaleureusement. Mais après avoir exprimé toute sa gratitude, le scientifique en herbe objecte finalement, sûr de lui : “Nous savons toutefois que nous descendons de l’Homme de Pékin.” “Tout le monde a applaudi, et il s’est rassis”, raconte le chercheur britannique, encore sous le choc.
Car à l’époque, dans le monde occidental, l’affaire est déjà pliée. Érigée au rang de dogme à partir des années 1980, la théorie du berceau africain de l’humanité bénéficie déjà d’un consensus rare dans la communauté scientifique. Cette théorie affirme que le genre Homo a une origine unique, l’Afrique, d’où il est sorti en plusieurs vagues successives.