Énergie ? Une grande inconnue
Tout le monde en parle, tout le monde en cherche, tout le monde en consomme, pourtant, les meilleurs experts le reconnaissent : personne ne sait vraiment ce que c’est.
Pendant longtemps, le mot a été synonyme de pétrole, de charbon et de gaz. Aujourd’hui, on l’assimile de plus en plus au vent, au soleil ou à la chute d’eau, à l’origine de sa forme la plus courante, l’électricité. Il a même acquis ces derniers temps une résonance géopolitique aiguë : crise de l’énergie, prix de l’énergie, stockage de l’énergie, énergie fossile, énergie propre, énergie renouvelable… Avec l’idée que c’est une denrée chère, car difficile à obtenir.
Le concept évoque une quintessence omnipotente, qui maintient en action et en vie une société et ses individus. Une entité protéiforme, se métamorphosant de chaleur en mouvement, de lumière en électricité, de matière en lumière… Dotée d’une versatilité qui n’étonne plus personne, tant on s’y est habitué. Mais au fond, comprend-on vraiment ce que c’est ?
“Tout le monde connaît l’énergie… et pourtant, personne ne connaît l’énergie”, scande Sergio Ciliberto, de l’ENS de Lyon. L’homme sait de quoi il parle, puisqu’il est spécialiste de la thermodynamique. Cette science des transformations de l’énergie, née dans le sillage de la machine à vapeur, charrie encore le parfum huileux des mécanismes des xviiie et xixe siècles, mais reste d’actualité, trônant au centre des modèles de trous noirs ou de la physique quantique. Et le physicien l’affirme : si on sait tous intuitivement ce qu’est l’énergie, dès qu’on gratte un peu, les certitudes se délitent…