Le casse-tête de l’effet rebond
C’est un biais cognitif bien documenté, y compris en matière écologique : un “effet rebond” inconscient nous pousse à relâcher notre effort dès qu’on fait une bonne action. Un petit arrangement pernicieux avec notre conscience…
Qui ne s’est jamais jeté sur une grosse part de gâteau au chocolat juste après une séance de sport, réduisant ainsi à néant les efforts durement réalisés ? Nous aurions aussi tendance à consommer davantage d’électricité après avoir participé à un programme de plantation d’arbres, après avoir installé des panneaux solaires sur le toit de notre maison, ou après avoir mis en place un système de chauffage plus performant.
On pourrait s’amuser de la facilité avec laquelle nous nous déculpabilisons pour légitimer un laisser-aller. Sauf que les chercheurs prennent la chose très au sérieux, car cette inclination pourrait tout bonnement rendre caducs une bonne partie des efforts de sobriété déployés pour lutter contre le réchauffement climatique. Sebastian Seebauer, chercheur en psychologie et en science du comportement à l’Institut de recherche Joanneum, en Autriche, le confirme : “On voit que l’acheteur d’une voiture électrique, par exemple, s’autorise à faire des trajets plus longs que s’il avait un véhicule thermique. Ce qui, au bout du compte, risque d’annuler le gain espéré en termes de réduction des émissions de CO2.” “Les résultats de ces études ne cessent de me surprendre !”, appuie Ray Galvin, chercheur en sciences de l’environnement à l’université RWTH Aachen, en Allemagne, et à Cambridge. Un phénomène qui explique en partie pourquoi l’utilisation d’équipements et de technologies plus sobres ne permet pas forcément la baisse de consommation énergétique que l’on pouvait en espérer. Et cette propension proprement humaine peut même engendrer une surconsommation, quand on s’autorise à dépenser plus que ce que l’on a économisé !