À la recherche de la première tombe
Quand et pourquoi des humains ont-ils commencé à offrir une sépulture à leurs morts ? Archéologues et paléontologues tentent de remonter aux origines de ce rituel, non sans de violentes controverses.
C’est à quatre pattes, après avoir rampé, grimpé, s’être contorsionné sur plusieurs kilomètres dans un réseau de salles et de boyaux creusés à une trentaine de mètres sous le sol poussiéreux de l’Afrique du Sud, que le paléoanthropologue Lee Berger, de l’université de Witwatersrand, a atteint ce qui constitue pour lui un Graal : des enchevêtrements d’ossements, vestiges de corps roulés là, en boule, dans de petites cavités ovales, depuis au bas mot 240 000 ans. Bienvenue à Rising Star… La mise au jour de ces petits squelettes, en 2013, constitue un événement majeur. D’abord parce que, avec quelque 1 500 autres restes osseux appartenant à une vingtaine d’individus retrouvés dans ce dédale antédiluvien, ils consacrent la découverte d’une nouvelle espèce, Homo naledi, officialisée en 2015. Ce qui, en soi, est déjà fascinant. Mais pour Lee Berger, qui continue depuis d’analyser le site, des indices laissent penser que la portée de sa trouvaille va encore plus loin. Ce sol dérangé, cette position fœtale… Pour lui, c’est sûr, il s’agit de tombes, annonce-t-il en juin dernier dans une série d’articles publiés en ligne.