Le projet fou d’une forêt primaire en France
Le botaniste Francis Hallé défend l’idée de recréer une forêt primaire en Europe. Deux sites sont visés, à la frontière nord de la France. Un projet complexe, un rêve ambitieux, moins consensuel qu’il n’y paraît.
Les générations futures verront-elles s’élever dans les plaines d’Europe de l’Ouest une épaisse forêt où le bruit des tronçonneuses, des fusils et des voitures se sera tu pendant des siècles ? Où sous la pénombre humide et odorante des hêtres ou des chênes, chaque pas sera empêché par un entrelacs d’arbres morts, criblés de champignons, bruissant de coléoptères ; où entre fougères, ajoncs, bruyères, bouleaux et érables, s’élanceront de sourdes rumeurs animales…
C’est en tout cas le projet porté depuis 2019 par l’association Francis Hallé pour la forêt primaire : faire renaître, à cheval entre la France et un de ses pays voisins, une forêt tempérée de plaine ou de basse altitude totalement libérée des entraves humaines. Avec l’espoir qu’elle constitue à terme un “grand réservoir de biodiversité” et qu’elle permette de “lutter contre le réchauffement climatique”.