Et la quantique devient macroscopique !
C’est un exploit de laboratoire : les physiciens des particules ont réussi à faire s’intriquer deux vrais objets.
“On y arrive doucement”, sourit la physicienne Laure Mercier de Lépinay. Toujours plus gros. De plus en plus massif. Cela a commencé avec d’infimes particules de lumière ; puis continué avec l’atome massif, la molécule, le nuage de particules… et aujourd’hui, un objet : une membrane d’aluminium ovale, reliée à un dispositif micro-onde en serpentin. Certes, cet objet n’est pas bien gros : un centième de millimètre de largeur, pour 0,1 milliardième de gramme. Mais c’est pourtant lui qui fait entrer la quantique dans le monde macroscopique. C’est lui qui propulse la science de l’infiniment petit dans le grand monde.
Car jusque-là, la nature était fracturée en deux. D’un côté, l’univers macroscopique, peuplé d’humains et d’objets qu’il peut voir et manipuler. Et de l’autre, l’univers microscopique, empli d’électrons, d’atomes, de particules de lumière. Cela fait cent ans que les deux ne se parlent pas. La faute aux deux grandes théories irréconciliables de la physique inventées au XXe siècle : d’un côté, la relativité générale d’Einstein, qui décrit la gravitation, et donc les grandes échelles ; de l’autre, la mécanique quantique, qui décrit le comportement des particules.