“Non, il n’y a pas d’addiction aux écrans”
Pour Wendy Wood, chercheuse en psychologie sociale à l’université de Californie du Sud, les discours alarmistes sur les risques d’une addiction généralisée aux écrans ne reposent sur aucune preuve.
Epsiloon : La consommation compulsive des réseaux sociaux est souvent comparée à celle d’une drogue dure…
Wendy Wood : Dans les témoignages de nos proches ou les documentaires sur le sujet, beaucoup se disent en effet “addicts”. Mais c’est le fruit d’une narration, pas d’un vrai diagnostic. Il n’y a absolument aucune preuve d’addiction aux écrans ! L’addiction est un phénomène très spécifique : elle suppose l’existence d’un état de manque et de recherche obsessionnelle, non seulement de substance, mais de doses croissantes. Or les études menées sur les réseaux sociaux ne montrent rien de tel. Au contraire : se priver de Facebook pendant une semaine a souvent des effets neutres, voire positifs sur les gros utilisateurs.
E. : Comment expliquez-vous alors le succès foudroyant de ces sites ?
W. W. : Il repose sur leur capacité à créer des habitudes. Ces sites sont conçus pour former des comportements automatiques. Leurs revenus financiers sont d’ailleurs surtout corrélés à la fréquence d’utilisation : 51 % des membres de Facebook l’utilisent quotidiennement ; 42 % pour Instagram. Cette régularité est fortement liée aux habitudes, sans avoir besoin de faire appel à l’addiction.