“La peur des serpents n’est pas innée”
Tous les cerveaux humains seraient programmés pour en avoir peur… Un scénario qui ne tient pas la route selon l’herpétologue Xavier Bonnet.
Epsiloon : Pourtant, la peur innée des serpents a été démontrée chez les bébés…
Xavier Bonnet : Oui, mais la méthodologie de ces travaux est sujette à caution. Pour évaluer la peur chez les nourrissons, les chercheurs mesurent la dilatation de leurs pupilles quand on les met face à des images : à la vue des serpents, celles des bébés se dilatent. Et c’est vrai, lorsqu’on a peur, la pupille grossit… Mais elle grossit aussi quand on désire quelque chose ou qu’on est surpris. Même un coup de foudre dilate nos pupilles ! De fait, comment interpréter ces résultats chez des bébés qui découvrent le monde ? Les chercheurs reconnaissent eux-mêmes cette limite.
E. : De nombreuses études illustrent aussi la capacité des adultes ou des macaques à détecter plus vite que toute autre chose les serpents dans un décor…
X.B. : C’est vrai. Mais l’abondante littérature qui défend la snake detection theory, ou théorie de la détection des serpents, présente aussi un biais méthodologique systématique.