“Non, il n’y a pas moins de guerres”
Nous avons réussi à nous en convaincre : depuis la fin de la Seconde guerre mondiale, les humains seraient de moins en moins violents. Pourtant, le sociologue Michael Mann pense exactement le contraire.
Epsiloon : Difficile de remettre en cause l’ultraviolence des sociétés préhistoriques par rapport aux nôtres ?
Michael Mann : C’est un des arguments utilisés pour démontrer la diminution de la guerre et de la violence au cours du temps. On met en balance les 15 % de décès en moyenne liés aux guerres préhistoriques, avec les 5 %, ou moins, des États-nations modernes. Mais les anthropologues eux-mêmes doutent que tous ces morts préhistoriques le soient du fait des guerres. Il pourrait aussi s’agir de heurts interpersonnels… Et même en prenant les cas les plus extrêmes de ces conflits, on atteint 60 % de décès au maximum. Alors que les conquêtes coloniales ont causé la mort de plus de 95 % des autochtones d’Amérique du Nord et d’Australie, que les nazis ont éliminé environ 70 % des Juifs… Les taux de mortalité récents liés aux conflits guerriers sont plus élevés que jamais.