Bonne nouvelle, le boson W est plus lourd que prévu
Si puissant soit-il, le modèle standard des physiciens n’est pas complet. Et si la clé du mystère était la masse du boson W ?
“Le silence était total, tout le monde s’est arrêté de bouger.” Ashutosh Kotwal se souvient de ce jour de novembre 2020. Les membres de la collaboration Collider Detector at Fermilab (CDF) étaient tous présents en visio pour le décryptage des données qu’ils analysaient depuis dix ans – le cryptage des résultats est l’une des nombreuses précautions prises dans le domaine soigneux de la physique des particules pour éviter que les expérimentateurs ne biaisent l’analyse, un équivalent du double aveugle pratiqué en médecine. Ashutosh Kotwal a appuyé sur le bouton. Et le nombre est tombé : 80 433, à plus ou moins 9 près. En millions d’électronvolts (MeV). C’est énorme. 76 de plus que ce que prédit le modèle standard de la physique. Autrement dit, le boson W est beaucoup plus lourd que prévu. “Un choc merveilleux.”
Car le boson W, ce n’est pas n’importe quoi. C’est l’une des quatre particules médiatrices de force, qui commande la désintégration radioactive des noyaux atomiques. “C’est l’un des éléments les plus fondamentaux du modèle standard, au cœur de sa cohérence”, appuie Martijn Mulders, qui l’étudie au CERN. “On touche aux fondements de la physique, renchérit Yves Sirois, physicien de l’IN2P3, à l’Institut polytechnique de Paris. C’est très profondément ancré dans la théorie.”