paysage agricole@GETTY IMAGES - SHUTTERSTOCK

Maudit néolithique !

On l’apprend à l’école : l’humanité invente à cette époque l’agriculture et entame son irrésistible expansion. Mais à quel prix ? Épuisement, maladies… les corps des pionniers témoignent de la violence de cette révolution. Et si l’agriculture avait fait notre malheur ?

par Vincent Nouyrigat,

On les imagine volontiers triomphants, dominateurs, maîtres de leur environnement  dans le genre des entrepreneurs – un peu agaçants – à qui tout réussit, avec leur sourire Émail diamant, leur progéniture nombreuse et épanouie. En somme, l’incarnation de l’avenir radieux de l’humanité. Comment imaginer qu’il en soit autrement ? Les premiers agriculteurs du néolithique se sont épargné une vie hasardeuse et épuisante, consistant à courir après le gibier sauvage ou les baies comestibles. Ces innovateurs de la “start-up nation” préhistorique ont changé la face du monde en apportant le confort d’un habitat stable, la sécurité alimentaire et la force de l’organisation villageoise. Nous leur devons tant…

Seulement voilà, les recherches archéologiques menées actuellement au Proche-Orient, en Europe, en Asie et en Amérique du Sud dressent un portrait beaucoup plus sombre de ces pionniers de l’élevage et des cultures. Leur histoire paraît si triste qu’elle interroge même le succès de l’agriculture depuis environ 10 000 ans. “Franchement, j’aurais préféré rester chasseur-cueilleur que de faire partie des premiers fermiers”, souffle Mark Dyble, anthropologue à l’University College de Londres.

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