Sida : le moment clé
Oui, on sait guérir le sida. Les chercheurs préparent même un vaccin. Seulement voilà : problèmes de financement ou d’accès au soin, le combat pourrait être perdu sur le terrain.
“VIH/Sida. L’épidémie n’est pas finie !” L’inscription se découpait en grosses lettres sur la façade du Musée des civilisations, à Marseille, qui lui consacrait au printemps une exposition. Avec un point d’exclamation qui sonne comme un rappel à l’ordre. Dans les pays occidentaux, l’épidémie est en effet devenue quasi invisible. Depuis 1996 et l’avènement de la trithérapie, on ne meurt plus du sida lorsqu’on est traité : moyennant un comprimé par jour, l’infection est devenue une maladie chronique avec laquelle on vit longtemps, aussi longtemps qu’une personne séronégative. Mais alors que la victoire contre le virus semble à portée de la science, les experts s’inquiètent.
“On est à un moment charnière, observe le virologue Asier Saez-Cirion, responsable du groupe Réservoirs et contrôle viral à l’Institut Pasteur. La situation est aujourd’hui maîtrisable, mais il ne faudrait pas que par inaction, nous fragilisions les outils de prévention et de contrôle dont nous disposons.” Serge Douomong Yotta, directeur exécutif du groupe Affirmative Action, association de lutte contre le sida au Cameroun, abonde : “Nous sommes à un moment assez critique de la lutte contre le VIH. On n’en a pas fini avec le Covid, il y a la guerre en Ukraine, un retournement politique en Afrique de l’Ouest… il y a de quoi se poser des questions : est-ce qu’on va y arriver ?”