Faut-il tourner le dos à la mer  ?
Les Britanniques reculent leurs digues en béton, la mégapole de Jakarta se prépare à déménager… Les spécialistes sont tous d’accord : rien n’arrêtera la montée des eaux. Pour eux, construire sur la côte, c’est comme s’installer dans un couloir d’avalanche.
Depuis quelques mois, une atmosphère de fin de règne plane sur Jakarta : susceptible d’être bientôt inondée par la mer de Java, la capitale indonésienne s’apprête à déménager à partir de 2024 sur les hauteurs de l’île de Bornéo, à 2 000 km de là – la nouvelle mégapole s’appellera Nusantara. Une décision radicale qui interroge les hauts responsables du monde entier : pourra-t-on lutter sans relâche, durant des décennies, voire des siècles, contre la hausse du niveau des mers ? Ne faudrait-il pas, plutôt, céder un peu de terrain ici ou là aux flots déchaînés ? Ou carrément abandonner des pans entiers de côtes pour trouver refuge à l’intérieur des terres ?
Sans surprise, les prévisions des scientifiques sont inquiétantes. Au regard de la dilatation des océans, de la fonte des glaciers et des calottes, les modèles actuels anticipent 30 à 60 cm d’élévation vers 2100, pour un réchauffement contenu sous les 2 °C ; mais jusqu’à 1,1 m dans le cas d’un scénario d’émissions fortes, en espérant que la fonte de l’Antarctique ne s’emballe pas trop…