Le cauchemar de la seconde de trop
C’est un casse-tête qui mêle rotation de la Terre, algorithme de Facebook, finances, géopolitique… L’enjeu est planétaire : il s’agit juste de réformer le temps.
La crise énergétique, la guerre, la politique, la Coupe du monde de foot… Il y a fort à parier que la conférence qui se tient à Versailles du 15 au 18 novembre ne fera pas la couverture des journaux. Pourtant, cette réunion devrait avoir des conséquences planétaires : “Nous allons proposer une réforme du temps universel”, révèle Patrizia Tavella, directrice du département du temps au Bureau international des poids et mesures. Cette décision très attendue par les experts pourrait marquer la fin d’une histoire kafkaïenne où s’entremêlent des considérations sur la rotation de la Terre, l’isotope de césium 133, les algorithmes de Facebook, l’astronomie, la finance internationale, le tout saupoudré d’une bonne dose de géopolitique et de bureaucratie. Une histoire folle, qui a le mérite de nous plonger dans des coulisses insoupçonnées du monde moderne…
Nous sommes d’accord : l’idée de réformer le temps, comme on pourrait le faire du régime des retraites, semble absurde. Mais il faut savoir que l’heure de référence dans le monde, l’UTC (l’heure légale en France est UTC+1 en hiver), est une pure construction humaine façonnée par quelques scientifiques. Ces hommes et femmes de l’ombre se calent évidemment sur la marche d’environ 400 horloges atomiques réparties dans le monde, qui battent la mesure au rythme ultra-précis des vibrations du césium 133. Mais ils doivent aussi tenir compte du rythme naturel imposé par la rotation de la Terre, qui ralentit sur le long terme sous l’effet de la force d’attraction lunaire – les journées ne faisaient que 21 heures il y a 450 millions d’années.