“Le rire naît de la peur”
Il semble être l’impulsion d’une joie spontanée… Et pourtant, on peine encore à comprendre ce qui le motive. Pour le pédiatre néonatal Carlo Bellieni, c’est tout simplement une question de survie.
Epsiloon : Vous avez commencé par analyser précisément la mécanique du rire…
Carlo Bellieni : Oui, le rire suit une recette très précise. Toutes les situations “comiques” ne le provoquent pas. Pour qu’il se déclenche, il faut un événement ou un objet incongru qui provoque l’étonnement, une situation qui semble étrange et qui induit un sentiment de perplexité ou de panique. On peut fréquemment sourire, mais ce qui distingue le rire, c’est qu’il implique un jugement mental contre un stéréotype, une norme.
E. : Mis à part celui provoqué par les chatouilles, le rire n’est donc jamais gratuit ?
C.B. : C’est même une question sérieuse ! Et les phénomènes stéréotypés, c’est-à-dire rigides, répétitifs, inertes, sont au cœur du processus : le rire est la matérialisation sonore d’une incohérence avec la vie biologique, quelque chose qui n’est pas “tel que les choses devraient être”.