Démonter le mythe du génie solitaire
Google, Amazon, Apple… entretiennent le mythe du génie sans le sou bidouillant dans son garage. Une pure invention.
2066 Crist Drive, Los Altos, California. Les plus geeks d’entre vous auront peut-être reconnu l’adresse de la maison d’enfance de Steve Jobs, ou plutôt son garage, là où tout est censé avoir commencé pour la firme Apple. Censé, car “l’endroit n’a joué qu’un rôle anecdotique, servant surtout de lieu de stockage du matériel, lâche Anthony Galluzzo. En réalité, la recherche et le développement des modèles de micro-ordinateurs Apple I et II ont été réalisés en 1976 par son associé Steve Wozniak dans ses bureaux de Hewlett Packard, où il disposait de tout le matériel nécessaire pour effectuer les tests, les soudures ou les gravures”.
Ce sociologue, spécialiste de la culture de la consommation à l’université de Saint-Étienne, déconstruit dans son livre ce fameux garage installé dans l’imaginaire collectif comme le point de départ iconique des success-stories californiennes, le berceau des technos contemporaines. “Amazon, Google, Disney ont aussi invoqué ces scènes de garage. Ce genre de récit entrepreneurial vise à entretenir le mythe de jeunes visionnaires isolés et dénués de ressources, évoque l’auteur. Alors que ce n’est pas du tout le cas : les cofondateurs d’Apple ont grandi dans la région de Mountain View entourés d’ingénieurs, d’industriels, ils ont bénéficié des avancées techniques de tout un écosystème et de l’appui de financiers. ”