Fécondation in vitro : le grand malaise
Les chiffres sont ténus, mais pour les spécialistes, plus question de fermer les yeux : les enfants nés par FIV ont un surrisque de maladie. Difficile d’en déterminer les causes : chaque étape de la procréation assistée est un potentiel point noir.
L’étude impressionne par son ampleur : près de 8 millions d’enfants suivis, dont plus de 170 000 nés par procréation médicalement assistée, issus de quatre pays – Suède, Danemark, Finlande, Norvège – sur trois décennies. Et ses résultats interpellent : les enfants nés à la suite d’une fécondation in vitro (FIV), après transfert d’un embryon décongelé, présentent un risque plus élevé de cancer que ceux nés après transfert d’un embryon frais ou à la suite d’une conception spontanée. “Sur 22 000 enfants, 48 ont développé un cancer”, précise Ulla-Britt Wennerholm, coautrice de l’étude parue en septembre 2022.
Les chiffres sont très faibles, l’étude imparfaite, comme souvent en épidémiologie. Par exemple, en trente ans, les techniques ont évolué : la congélation ultrarapide par vitrification a supplanté la congélation lente chacune de ces techniques pourrait être associée à des risques différents. Mais le malaise est là.
Car l’étude scandinave n’est pas la première à pointer de légers surrisques associés à la congélation. En 2019, Samir Hamamah, responsable du département de biologie de la reproduction au CHU de Montpellier, montrait avec son équipe un lien avec une augmentation du poids à la naissance, lui-même corrélé au risque de maladies métaboliques (diabète, obésité…) à l’âge adulte. “Que se passe-t-il pendant la cryoconservation ou pendant le réchauffement de l’embryon, alors qu’on est supposé avoir suspendu la vie cellulaire ?”, interroge-t-il.