“La dyslexie est aussi une force”
Pour la chercheuse en cognition Helen Taylor, les dyslexiques bénéficient de capacités cognitives insoupçonnées, masquées derrière les difficultés de lecture et d’écriture.
Epsiloon : Ce sont des recherches méconnues sur la dyslexie qui vous ont d’abord interpellée…
Helen Taylor : Oui, son image est incomplète. La majorité des études se focalise sur les déficits en lecture et en écriture. Pourtant, depuis les années 1980, différents chercheurs et praticiens mettent en valeur l’existence d’aptitudes cognitives améliorées chez les dyslexiques.
E. : Quels sont ces avantages cognitifs ?
H.T. : Les dyslexiques sont très performants pour raisonner sur des systèmes complexes et identifier les connexions entre différents domaines de connaissance. C’est comme s’ils bénéficiaient d’une vision d’ensemble accrue – au sens figuré comme au sens propre, car ils ont une très bonne perception stéréoscopique. Enfin, nous notons qu’ils sont très créatifs…
E. : Y a-t-il une explication neurologique ?
H.T. : Dès les années 2000, l’avantage des dyslexiques au niveau de la perception visuelle a été démontré à l’aide de figures impossibles, comme la célèbre chute d’eau d’Escher, qui illustre un faux mouvement perpétuel : les dyslexiques détectent beaucoup plus vite l’incohérence des images, ce qui suggère une capacité d’observation plus globale.