Algues : voici l’autre forêt
Les algues n’ont rien à envier aux jungles terrestres. D’ailleurs, elles suscitent déjà les convoitises.
À peu près tout le monde a en tête les paysages des jungles tropicales, des taïgas boréales, ou au moins ceux des massifs boisés des Landes et de Fontainebleau... Mais qui pourrait décrire ou nommer une seule forêt sous-marine ? Pas grand monde a priori. À vrai dire, les scientifiques sont tout juste en train de saisir l’ampleur de ces mondes engloutis, incroyablement luxuriants, constitués d’algues parfois gigantesques... mais guère visibles par satellite. “C’est une sorte d’Amazonie cachée, depuis trop longtemps négligée”, lance Carlos Duarte, de l’université du roi Abdallah, en Arabie saoudite.
Modèles à l’appui, l’écologue portugais vient justement d’établir que ces écosystèmes côtiers s’étendent sur une surface équivalente à celle du bassin amazonien. Pour que ces colonies de macro-algues rouges, vertes ou brunes prospèrent, il leur suffit d’un substrat rocheux auquel s’accrocher, d’une eau assez fraîche –dans l’idéal entre 10 et 18°C – et suffisamment limpide pour laisser passer les rayons solaires nécessaires à la photosynthèse. Le résultat, qui se déploie sous les yeux de quelques plongeurs audacieux au large de la Bretagne, du Chili, de la Californie, de la Tasmanie ou de l’Afrique du Sud, n’a absolument rien à envier aux forêts terrestres.