La phagothérapie contre l’antibiorésistance
Des virus spécialisés dans la destruction des bactéries pourraient changer la donne. Les premières études cliniques démarrent.
“Jusqu’à la chute de l’URSS, nos travaux entaient classés secret-défense”, se souvient la microbiologiste Nina Chanishvili, de l’Institut Eliava de Tbilissi, en Géorgie. Impossible alors pour les scientifiques de ce centre de recherche médicale, fondé en 1923 – deux ans à peine après l’invasion de la Géorgie par l’Armée rouge –, de communiquer quoi que ce soit à des confrères occidentaux, sous peine d’être arrêtés pour haute trahison. C’est précisément cette médecine développée dans l’ombre du rideau de fer pendant près de soixante-dix ans, qui constitue aujourd’hui “l’un des plus grands espoirs contre les bactéries résistantes aux antibiotiques”, reconnaît l’épidémiologiste américaine Steffanie Strathdee de l’université́ de Californie, à San Diego, mais aussi l’Organisation mondiale de la santé.