Et si on avait enfin compris le cancer
Les biologistes font-ils fausse route ? Deux physiciens avancent aujourd’hui une théorie radicale : le cancer serait la réactivation de notre lointain passé unicellulaire. L’espoir de comprendre, enfin, cette maladie et de mieux la combattre.
De quoi le cancer est-il le nom ? D’où vient-il ? Comment et pourquoi est-il apparu ? “Ce sont les premières questions que j’ai naïvement posées aux spécialistes, se souvient le physicien Paul Davies, de l’université d’État de l’Arizona, et je n’ai obtenu aucune réponse satisfaisante.” Nous sommes alors en 2008 : Anna Barker, directrice adjointe de l’influent National Institutes of Health, aux États-Unis, vient tout juste de le solliciter. “Elle souhaitait que des scientifiques évoluant en dehors du domaine apportent leur pierre à l’édifice”, confie l’éminent physicien.
Quinze ans plus tard, Paul Davies assume désormais crânement son rôle de faux naïf. Patiemment, avec son collègue astrophysicien Charles Lineweaver, il a échafaudé rien de moins qu’une nouvelle théorie sur le cancer. Selon eux, il faut voir cette maladie comme un atavisme, la réapparition d’une forme de vie ancestrale refoulée. Le cancer est la réactivation de dynamiques génétiques archaïques héritées de nos lointains ancêtres unicellulaires, d’ordinaire réprimées par les gènes plus jeunes apparus avec la vie multicellulaire. Une idée tout juste étayée par de nouveaux faits : “Comme prédit par cette théorie, nous avons confirmé que des gènes associés à la vie unicellulaire étaient davantage exprimés au sein des cellules cancéreuses”, décrit le biologiste de l’évolution Yong Zhang, de l’Institut de zoologie de Pékin, qui a publié ces résultats en décembre dernier.