L’avion peut-il devenir propre ?
Le secteur aérien s’est engagé à atteindre zéro émission en 2050. Possible ? Difficile répondent les experts, alors que son impact carbone ne cesse de s’alourdir.
Après avoir été le symbole de la liberté, l’avion est devenu synonyme de culpabilité. Un statut qui peut d’ailleurs paraître disproportionné, sachant qu’il n’est responsable que de 2,4 % des émissions de CO2 dues aux humains. Sauf que de tous les modes de transport, c’est le plus émetteur par passager. “C’est aussi celui qui croît le plus vite, et ça va continuer. C’est cela qui nous inquiète”, résume Paulina Jaramillo, chercheuse à l’université Carnegie Mellon et principale auteure de la dernière synthèse des connaissances scientifiques sur les transports, publiée par le GIEC en 2022. Le secteur aérien promet pourtant qu’il a pris la mesure du problème. Fin 2022, compagnies, constructeurs et aéroports se sont fixé l’objectif “zéro émission nette de carbone” d’ici à 2050 : chaque molécule de CO2 relâchée dans l’atmosphère devra y avoir été prélevée avant, ou l’être après, pour assurer la neutralité. Un vrai défi.
Nouvelle feuille de route
“Depuis les années 1970, les progrès techniques ont déjà permis d’abaisser de 80 % les émissions par passager, afin de réduire la facture de carburant des compagnies aériennes. Avec ce nouvel objectif, il va falloir faire deux fois plus en seulement quinze ans, prévient Éric Dalbiès, directeur de la stratégie, de la R&T et de l’innovation chez l’équipementier et motoriste aéronautique Safran. C’est historique ! On ne peut plus se contenter d’améliorations incrémentales, il faut des technologies de rupture.”