Pourquoi la pilule pour hommes n’existe pas
La recherche n’a jamais été aussi active, les hommes se déclarent majoritairement favorables à l’arrivée d’une contraception masculine. Mais les autorités de santé et les investissements peinent à suivre…
Jochen Buck l’admet d’emblée, tout sourire : il ne cherchait pas spécialement à faire avancer la recherche sur la contraception masculine. Mais lorsque Lonny Levin, son collègue de l’université Cornell, pharmacologue comme lui, l’a mis au défi d’isoler la protéine sAC – pour “adenylyl cyclase soluble” –, qui avait longtemps échappé aux biochimistes, il n’a pas pu résister. “Je devais relever le défi, raconte-t-il. Lonny et moi avons fusionné nos laboratoires et nous nous sommes concentrés sur la sAC. Depuis vingt ans, nous pensions que cette protéine, présente dans les cellules testiculaires, pouvait être une cible pour une contraception masculine, car c’est une enzyme essentielle à la maturation et la motilité des spermatozoïdes.”
Active dans les testicules, l’enzyme l’est aussi dans presque toutes les cellules du corps. Mais un véritable dogme règne à l’époque : les cibles biochimiques de la contraception masculine doivent être spécifiques à la sphère génitale.