Banquise, plus vite que prévu
Mais comment ont-ils pu se tromper à ce point ? Les experts n’en reviennent pas : la banquise va disparaître vingt ans plus tôt que prévu ! La faute aux modèles, impuissants à prévoir les réactions d’un milieu complexe, paradoxal, ultrasensible.
Longtemps, Seung-Ki Min et ses collègues se remémoreront le jour où sont tombés les résultats de leur simulation. “Ça a été un réel choc”, admet le spécialiste du climat à l’université technologique sud-coréenne de Pohang. Publiée en juin 2023, leur étude prédit que la région Arctique connaîtra très probablement, dès la décennie 2030, des périodes de disparition totale de la banquise. Cela commencera par de brefs épisodes à la fin de l’été, puis deviendra plus récurrent jusqu’à s’étendre, à terme, sur plusieurs mois. “Surtout, nos recherches actent pour la première fois que cette disparition des glaces de mer en septembre surviendra quoi qu’il arrive, même en suivant un scénario de diminution drastique des émissions des gaz à effet de serre, qui limiterait le réchauffement global à seulement 2 °C”, insiste le chercheur. En somme, cette banquise estivale, un des nombreux piliers du climat mondial, est d’ores et déjà perdue, il est trop tard pour la sauver…