La science plonge dans l’ennui
Nous sommes prêts à tout pour ne surtout pas nous ennuyer. À nous goinfrer, nous droguer, à nous faire mal et même à torturer. Et les neuroscientifiques se demandent pourquoi…
L’ennui est longtemps resté un non-sujet en psychologie expérimentale. À quoi bon l’étudier puisque, par définition, lorsqu’on s’ennuie, il ne se passe rien… “Tout est parti d’une question que je me posais, raconte Erin Westgate, psychologue à l’université de Floride. Apprécie-t-on de n’être confronté qu’à ses pensées ? Grâce à de premières études, nous nous sommes aperçus que non, la plupart des gens n’aiment pas ça. Cela leur est même insupportable.” C’est ainsi qu’en 2014, la chercheuse fait une première incursion dans l’ennui, avec un résultat fracassant : mises en condition de s’ennuyer, certaines personnes vont jusqu’à s’infliger des électrochocs ! Publié il y a trois ans, son article “Pourquoi l’ennui est intéressant” exhorte la communauté scientifique à se saisir, enfin, de cette sensation si particulière, et sans doute universelle. De fait, à y regarder de plus près, l’ennui s’insinue partout.