La neige abrite tout un écosystème
Des algues, mais aussi des champignons, des bactéries, des virus : les biologistes découvrent dans les glaces et la neige une vie d'une ampleur insoupçonnée… au moment même où elle pourrait disparaître.
Éric Maréchal ne part jamais en montagne sans sa glacière. À la fin du printemps, on peut le croiser cheminant au-dessus du jardin du Lautaret, dans les Hautes-Alpes, à plus de 2 100 mètres d’altitude. Penché vers le sol, furetant de névé en névé, en quête de neige rouge, “le sang des glaciers” – c’est ainsi qu’on désigne ces taches écarlates dans les Alpes françaises. Nulle scène de crime, mais ce sont bien des traces d’ADN que collecte ici le directeur du Laboratoire de physiologie cellulaire et végétale de l’université Grenoble-Alpes. En quête des auteurs de ce phénomène de coloration, il prélève des échantillons qu’il place à l’abri dans sa glacière. “Les neiges rouges ont toujours intrigué les humains, raconte-t-il. Durant l’Antiquité déjà, le philosophe Aristote évoquait, dans son Histoires des animaux, des neiges rouges, probablement aperçues sur les flancs du mont Olympe… Des siècles plus tard, en 1760, le naturaliste Horace Bénédict de Saussure observait ce phénomène sur le mont Brévent au-dessus de Chamonix.”