Papillomavirus : retour sur une lente prise de conscience
Il est longtemps resté un problème de femmes, victimes du cancer du col de l’utérus. Le premier recensement global chez les hommes vient d’être publié : près d’un sur trois en est porteur. Il y a urgence à les intégrer dans les politiques de prévention.
La méta-analyse a été publiée il y a quelques semaines. Elle compile pour la première fois les données de 44 769 hommes de 27 à 35 ans recueillies dans 35 pays de 1995 à 2022… soit un instantané mondial de la présence des papillomavirus humains (HPV) dans les muqueuses masculines. Il se révèle tout à fait édifiant : c’est un homme en bonne santé sur trois (31 %) qui est infecté par au moins un type de ces virus. Et environ un sur cinq (21 %) par un ou plusieurs types de HPV à haut risque oncogène – c’est-à-dire pouvant provoquer des cancers. “Ces chiffres sont certainement un peu sous-estimés, avance Quentin Lepiller, membre du Centre national de référence sur les papillomavirus à Besançon. La détection chez les hommes est plus difficile.” C’est un fait : cette infection sexuelle massive est équitablement partagée entre les hommes et les femmes au sein de la population mondiale. Pourtant, jusque-là, c’était un sujet de femmes. Car c’est d’abord chez elles, à la fin des années 1970, que le risque lié à ces infections commence à être suspecté.