L’autre pandémie
H5N1 déferle depuis trois ans sur la faune sauvage avec une violence inouïe. Il saute d’une espèce à l’autre : d’abord les oiseaux, puis les ours, les dauphins, les manchots, les pumas, les écureuils…. Les spécialistes s’alarment.
Automne 2020. L’attention de l’humanité est focalisée sur la pandémie de Covid-19, les confinements qui s’enchaînent, les urgences saturées, le port du masque, la course aux vaccins… Personne ne remarque qu’un autre monstre viral est en train d’émerger quelque part en Europe, sous les plumes d’un oiseau encore indéterminé. Son nom complet ne vous dit sans doute rien : “H5N1 clade 2.3.4.4b” – n’est pas SARS-CoV-2 qui veut. Mais peut-être en avez-vous entendu parler sous le terme de “grippe aviaire hautement pathogène”, cette maladie qui a touché récemment nos volailles domestiques et qui nous a fait craindre de manquer d’œufs ou de foie gras à Noël. Comme si c’était vraiment le problème…
Le vrai problème, c’est que depuis trois ans, ce pathogène à la fois ultra-contagieux et virulent est en train de ravager une partie de la faune sauvage, sautant allègrement d’une espèce d’oiseau à une autre, et osant même quelques incursions mortelles chez une cinquantaine d’espèces de mammifères terrestres ou marins – dont une poignée d’humains. Directrice de recherche à l’Institut Pasteur, Sylvie Van der Werf en perd ses mots : “C’est un phénomène exceptionnel, remarquable, spectaculaire…”