Même les vers ont des émotions
Difficile à imaginer, mais oui : le petit ver C. elegans, lui aussi, avec ses 302 neurones exactement, semble bien expérimenter des états mentaux complexes et intenses.
L’histoire a commencé il y a une dizaine d’années, se souvient Kotaro Kimura, spécialiste à l’université de Nagoya City du comportement de Caenorhabditis elegans, un petit ver transparent d’un millimètre de long. “Une étudiante taïwanaise en médecine vétérinaire m’avait demandé si ces nématodes ont des émotions, en soulignant que leur prise en compte est très importante dans le traitement des animaux. Elle aurait trouvé formidable que nous puissions percevoir cela…”, raconte le biologiste, qui laisse alors l’idée de côté. Quelque temps plus tard, un étudiant lui présente un dispositif expérimental intrigant : “Les vers soumis à des impulsions électriques se mettaient à courir dans tous les sens. C’était quelque chose que je n’avais jamais observé en quinze ans de recherches sur C. elegans !” Il passe de nouveau à autre chose. “Il m’a fallu des années pour combiner ces deux éléments et me convaincre que ce comportement de course effrénée pouvait refléter une forme primitive d’émotion.”