Le pouvoir des îles
Paradisiaques ? Pas seulement. Depuis Darwin, ces petits mondes à part sont scrutés par les biologistes. Car sur les îles, l’évolution s’accélère, la biodiversité se réinvente. C’est le poste avancé pour prédire les équilibres futurs de la planète.
C’est une loi universelle des îles : toutes se ressemblent en cela qu’aucune ne se ressemble. Chacune est un joyau sans pareil, un trésor de biodiversité unique, un écosystème singulier, qui abrite des espèces endémiques, qu’on ne retrouve nulle part ailleurs. Ne les cherchez pas : le colibri à tête bleue ne vole qu’autour des fleurs de Martinique ; le dragonnier de Socotra n’étire sa cime en forme de parapluie que sur l’île yéménite ; et le kakapo, ce gros perroquet vert de 4 kg qui ne sait plus voler, ne se dandine que dans les forêts d’une poignée d’îlots néo-zélandais. Sur les îles, l’isolement laisse libre cours aux dérives de l’évolution, et le taux d’endémisme est décuplé : plus de huit fois supérieur à celui des continents, pour les plantes comme pour les vertébrés.
Cette inventivité ne se limite pas à la partie émergée : “C’est plus marqué sur terre, mais dans le domaine marin aussi, on peut aller jusqu’à 10 % d’endémisme”, admire Claude Payri, biologiste marine à l’Institut de recherche pour le développement de Nouméa. Car les eaux qui entourent les îles débordent elles aussi d’espèces de coraux, de poissons ou de mollusques propres à la région…