"Les cancers sont mal nommés"
Voici 200 ans que la médecine cible systématiquement le lieu de la tumeur, le cancer du poumon ou du cerveau. Pour Benjamin Besse, oncologue à l’institut Gustave-Roussy, à Paris, cette approche n’est plus la bonne. Il nous dit pourquoi.
Epsiloon : Selon vous, les découvertes récentes en génétique amènent à changer de vision…
Benjamin Besse : La cancérologie s’est construite par organe parce que la chirurgie a longtemps été et reste souvent une thérapie indispensable. Mais ces dernières années, l’analyse de l’ADN de milliers de tumeurs a dessiné une nouvelle classification des cellules cancéreuses. Qu’il naisse dans le poumon, le sein ou le cerveau, un cancer peut acquérir les mêmes mutations génétiques. Plus que l’organe d’origine, le profil génétique des tumeurs explique la manière dont elles se comportent : c’est lui qui les rend vulnérables ou résistantes aux traitements. Il existe d’ailleurs des cancers qui n’ont aucun organe d’origine…
Epsiloon : Un exemple ?
Benjamin Besse : On peut citer les carcinomes NUT, autrefois appelés carcinomes de la ligne médiane. Ce sont des tumeurs qui naissent dans 50 % des cas dans le thorax, sans être associées ni aux poumons ni au sein. Elles sont en revanche liées à une fusion, une forme de mutation du gène NUTM1…