Dodécaèdre : l’objet qui rend fou
C’est un vestige antique, un polyèdre à 12 faces percées d’ouvertures circulaires. On le retrouve partout en France, en Angleterre, en Allemagne, en Suisse… Mais les archéologues ne comprennent toujours pas à quoi il sert !
Cet été, les visiteurs se sont bousculés au petit musée de la ville de Lincoln, dans le centre-est de l’Angleterre. Tous sont venus voir un objet datant de l’Empire romain, déterré l’année dernière dans un champ de la commune voisine de Norton Disney par un groupe d’archéologues amateurs. C’est vrai qu’il est magnifique ce dodécaèdre bouleté en alliage de cuivre, un polyèdre à douze faces pentagonales percées d’ouvertures circulaires de diamètres variés, et dont les vingt sommets sont surmontés chacun d’une petite sphère métallique. “Nous l’avons récupéré en très bon état dans une fosse de trois mètres de profondeur remplie de débris de poteries et de matériaux de construction, près d’une grande voie romaine”, précise Richard Parker, à l’origine de la trouvaille.
Un musée quelconque, un objet de la taille d’une orange, une bande de sympathiques retraités équipés de pelles et de détecteurs de métaux : cette découverte peut sembler tout à fait ennuyeuse… Or elle déchaîne en ce moment les passions, aussi bien dans les laboratoires que sur les réseaux sociaux. Car le vestige en question est l’un des plus fantasmatiques et problématiques de l’archéologie moderne : depuis une première découverte en juin 1739, environ 130 dodécaèdres bouletés datés du Ier au IVe siècle de notre ère ont été mis au jour en Angleterre, en France, en Allemagne, en Hongrie, en Belgique, aux Pays-Bas, en Suisse…