Rencontre avec les intraterrestres
Ils sont partout sous nos pieds. Champignons, microbes, bactéries… ces organismes hors norme résistent à des conditions dantesques, s’abreuvent de radioactivité et peuvent vivre jusqu’à 100 millions d’années ! On les appelle les “intraterrestres”.
C’est l’un des secrets les mieux gardés de la vie terrestre. Une face cachée sous le vernis tapageur de nos paysages verdoyants et des eaux poissonneuses. Une réalité parallèle, loin, très loin de l’énergie chaleureuse du soleil, de l’amicale pression atmosphérique, du festin d’oxygène et de matière organique. Ici, dans les bas-fonds, règnent au contraire une ambiance de famine, d’obscurité totale, de vapeurs acides, hypersalines, métalliques, radioactives, une chaleur luciférienne, une pression pire encore que celle des abysses ; et il faut se faire une place à travers des interstices de seulement quelques micromètres parfois. Pourtant, force est de constater que des êtres vivants parviennent à s’épanouir dans cette ambiance extraterrestre, ou plutôt… intraterrestre.
Pas tout à fait des aliens…
Dans la recherche d’une autre forme de vie, nous avons toujours eu tendance à lever les yeux vers le ciel. C’est pourtant en regardant en bas, à plusieurs milliers de mètres sous nos pieds, que nous sommes en train de réaliser notre première “rencontre du troisième type”.
Les scientifiques sont longtemps restés sceptiques face à l’existence d’une biosphère en sous-sol. Dès 1926, des géologues américains avaient bien noté des indices chimiques d’une présence bactérienne dans les puits de pétrole de l’Illinois… sans que personne n’y croit sérieusement. La découverte, à la fin des années 1970, de spécimens au fond des océans, à l’embouchure des dorsales océaniques actives, avait interpellé les biologistes ; mais avait été interprétée comme un cas très particulier, lié à l’hydrothermalisme si riche en énergie et nutriments. Seulement voilà, les soi-disant cas particuliers se sont multipliés.