Mathématiques : la démonstration historique
C’est un exploit : la correspondance de Langlands géométrique vient d’être démontrée. Et c’est tout le paysage mathématique qui en sort unifié.
Même si tout le monde s’en doute, autant le dire clairement tout de suite : le texte mathématique dont il est question ici est très, très difficile à lire, y compris pour les meilleurs experts mondiaux. C’est même tout simplement impossible pour les néophytes, voire pour les mathématiciens professionnels qui ne sont pas spécialistes en “foncteurs de Hecke” et en “cohomologie de De Rham”. Reste que l’annonce est faite : une partie du programme de Langlands est démontrée – “la version géométrique, en caractéristique nulle et dans le cas non ramifié”, précisent les puristes.
Mis en ligne le 15 septembre, le dernier papier d’une série de cinq pose la clé de voûte d’une véritable cathédrale de concepts et d’idées mathématiques qui laisse la communauté aussi admirative qu’enthousiaste. Ils ont été neuf chercheurs à la manœuvre. Dennis Gaitsgory, qui bataille depuis plus de trente ans pour établir ce résultat, en est l’acteur central, aidé depuis les années 2010 par Sam Raskin, son ancien étudiant de thèse devenu étroit collaborateur, puis par sept autres mathématiciens talentueux.