
Faut-il donner des droits aux animaux ?
La tortue de Nouvelle-Calédonie est-elle une personne ? Doit-on protéger le loup ? Interdire l’exploitation des poulpes ? Et au-delà de ces cas emblématiques, faut-il considérer que tout ou partie des milliers de milliards d’animaux de notre planète ont une conscience ? Les neurosciences entrent dans le débat.
“Nul animal ne peut être soumis ou exposé à un acte de cruauté.” Ainsi commence l’article 1er de la Déclaration européenne des droits de l’animal, dévoilée le 17 février 2025 par un collectif de dix chercheurs en droit – soit dix ans, jour pour jour, après l’introduction dans notre code civil de la notion d’animal, défini comme un “être vivant doué de sensibilité”.
Si cette déclaration faisait loi, on pourrait invoquer devant un juge son article 3, pour contrer ce projet d’élevage de poulpes qui fait débat en Espagne : “Le placement et le maintien d’un animal dans des conditions incompatibles avec les impératifs biologiques et comportementaux de son espèce constituent des actes de maltraitance.” Ou son article 9 pour contester la rétrogradation du statut de protection du loup dans l’Union européenne : “Les États ont l’obligation d’empêcher l’extinction des espèces animales vivant à l’état de liberté naturelle.” Et même son article 12, dans le cas des tortues marines et des requins des îles Loyauté : “Les animaux sauvages vivant à l’état de liberté naturelle, en tant qu’éléments de la nature ou en qualité d’espèces totémiques, peuvent se voir reconnaître une personnalité juridique dotée de droits qui leur sont propres.”