
Le sidérant paradoxe de l’électricité statique
Ou comment le phénomène emblématique de la physique est devenu l’un des plus gros casse-têtes de l’histoire des sciences.
C’est sans doute l’un des plus beaux pieds de nez de la nature à l’humanité. Une leçon d’humilité pour les physiciens qui, depuis des centaines d’années, se heurtent à ce phénomène. L’électricité statique ? C’est l’un des effets physiques les plus familiers, quasi quotidien, observable sans avoir besoin d’aucune machinerie expérimentale. Tous les enfants l’ont vu à l’œuvre, ont joué avec. On parie que vous aussi vous avez été confronté à ce miracle de la fée électricité dans les derniers mois : une décharge furtive en touchant la poignée d’une porte ? Des chaussettes collées aux draps à la sortie du sèche-linge ? Ou les cheveux qui se dressent vers votre pull en laine…
Les spécialistes disent plutôt “électrification de contact”, ou “triboélectricité”, mais qu’importe le nom : c’est une vieille lune. “On connaît ça depuis l’Antiquité !, ajoute Galien Grosjean, chercheur à l’Institut des sciences et technologies d’Autriche. Toutes nos connaissances sur l’électricité antérieures à l’invention de la pile viennent d’ailleurs de là, car on se servait de la triboélectricité pour faire des expériences en laboratoire.” Le phénomène est central en physique, c’est même un emblème de la science, mis en scène dans les musées à grand renfort de cheveux ébouriffés pour donner à voir l’invisible champ électrique. Un média parfait pour la vulgarisation scientifique. Seulement voilà…