
La voix de la jungle
Rien à voir avec le cri de Tarzan. Les scientifiques sont formels : une simple conversation humaine fait fuir tous les animaux alentours. Même le rugissement du lion fait moins peur ! Oui, c’est bien nous qui émettons le son le plus terrifiant de la nature.
Les résultats s’accumulent depuis quelques années… Ce sont des vidéos, des données, des analyses de terrain qui interpellent et mettent assez mal à l’aise. On y découvre des léopards qui lâchent précipitamment leur proie, on y aperçoit ou devine des rhinocéros qui détalent soudain à vive allure, des girafes et des zèbres abandonnant leur point d’eau en pleine saison sèche, des chevreuils et des kangourous visiblement traumatisés ou en hypervigilance.
Superprédateur
Croyez-le ou non, ces scènes de panique ont été déclenchées par une voix humaine, simplement diffusée par des enceintes fixées sur les arbres pour les besoins de l’expérience. Ce qui terrorise à ce point la faune sauvage se résume à l’enregistrement de quelques mots prononcés par un banal Homo sapiens sur le mode d’une conversation anodine, avec le ton monocorde d’un présentateur de la BBC et un volume sonore très raisonnable d’environ 60 décibels – rien à voir avec le cri pétrifiant de Tarzan. Plus troublant encore, “nous détectons ce phénomène absolument partout dans le monde et, à chaque fois, la voix humaine déclenche au moins deux fois plus souvent la fuite que les hurlements du grand prédateur local, loup, léopard, coyote… et même plus souvent que les rugissements d’un lion dans la savane”, lance Liana Zanette, grande spécialiste de l’écologie de la peur à l’université Western, au Canada. En clair, après des milliers de tests rigoureux, les biologistes ont maintenant identifié le son le plus effrayant de la nature… et il sort de notre gorge d’animal plutôt frêle, dépourvu de griffes et de canines acérées.