Mortalité infantile : pourquoi elle augmente

Que se passe-t-il ? Les derniers chiffres publiés au mois d’avril le confirment : la France connaît une hausse historique de la mortalité infantile. Selon l’Insee, 4,1 enfants sur 1 000 sont morts avant leur premier anniversaire en 2024, contre 3,45 en 2011. Alors qu’ailleurs en Europe, ce taux baisse ou reste stable – à l’exception de Malte et de la Belgique. Et alors que la mortalité infantile tutoie les 2 ‰ dans les pays scandinaves – deux fois moins !

Cette inversion de tendance est sans précédent. Car en France, comme dans la plupart des autres pays à hauts revenus, la survie des nouveau-nés n’a fait que s’améliorer tout au long du XX^e siècle – en mettant de côté les années de guerres mondiales. Le nombre de décès dans la première année de vie a commencé à stagner en 2005. Et depuis 2011, année où il a atteint son niveau le plus bas, il ne fait que remonter. Résultat : la France, qui avait le troisième taux de mortalité infantile le plus bas d’Europe entre 1996 et 2000, a dépassé la moyenne européenne en 2015, et est aujourd’hui 23^e sur 28.

Alors, que se passe-t-il ? Les députés se sont emparés de la question en votant en mai dernier une proposition de loi dans laquelle ils répondent en particulier à une vieille demande des spécialistes : établir enfin un registre détaillé des décès infantiles, qui rassemble des éléments statistiques jusqu’ici éparpillés. Car oui, aussi étonnant que cela paraisse, la France ne disposait d’aucun registre médical des naissances – le Royaume-Uni en tient un, très détaillé, depuis 2014.