
Sport : Y a-t-il un risque de dopage génétique ?
Depuis les grands scandales sur le Tour de France de la fin des années 1990, la lutte antidopage s’est organisée. Mais les technologies aussi se sont affûtées. Un dopage génétique est-il possible ? Saura-t-on le détecter ? Nous avons interrogé les experts.
“Le dopage génétique a été une potentialité dès les premières avancées en thérapie génique dans les années 1990, pose Olivier Rabin, directeur science et médecine de l’AMA, l’Agence mondiale antidopage. Car là où il est possible de détourner un médicament ou une technique, le dopage n’est jamais loin.” Il est vrai que sur le papier, c’est d’une remarquable simplicité : injecter un gène codant pour une protéine d’intérêt et faire produire par n’importe quelle cellule la substance dopante. Une forme de stimulation pour augmenter la production d’EPO, d’hormone de croissance, de testostérone par le corps lui-même. “C’est toute la beauté de la thérapie génique : en théorie, on peut modifier ou remplacer n’importe quel gène pour corriger une défaillance, rétablir ce qui ne fonctionne pas. Ou le surexprimer dans le cas des athlètes”, relève Alexandre Marchand, responsable de la section biologie au laboratoire antidopage français.
Souris Schwarzenegger
Le milieu du sport de haut niveau n’a pas manqué de repérer dès 1998 les premiers résultats publiés par une équipe américaine : une thérapie génique destinée à limiter la dégénérescence musculaire liée à l’âge. En injectant chez des souris une séquence codant pour l’IGF-1, une hormone liée à la croissance musculaire, ils ont observé une augmentation moyenne de 14 % de la masse musculaire. On parle alors de “souris Schwarzenegger”, et les spécialistes du dopage se jettent sur l’opportunité…